Les dangers de l’inactivité physique sur le fonctionnement cérébral au cours du vieillissement
Posté le 3 février 2014 dans Articles

Depuis de nombreuses années, l’activité physique revêt d’un tout nouveau statut : celui  d’améliorer notre santé cérébrale. Au-delà du rôle assez bien connu de l’activité physique sur notre santé cardiovasculaire, de nombreuses études ont démontré le lien direct entre le fonctionnement cognitif et neurophysiologique avec le niveau d’activité physique de la population générale. De nombreux auteurs (Hall et collaborateurs, 2001; Colcombe et Kramer. 2003; Etnier et collaborateurs, 2006; Smiley-Oyen et collaborateurs, 2008) ont étudié l’effet de l’entraînement sur la cognition et de manière générale, l’effet de l’entraînement se traduit par de meilleures performances cognitives et ce peu importe l’âge et le sexe. En effet, l’entraînement peut être considéré comme un moyen de développement de la cognition pendant la croissance et également un modérateur du déclin cognitif associé au vieillissement physiologique, voire même, un moyen de prévention des maladies de Parkinson ou d’Alzheimer. Cet effet positif de l’entraînement physique sur notre cognition semble tout particulièrement affecter nos performances exécutives.  Selon Bherer et collaborateurs  (2004), les fonctions exécutives englobent généralement les compétences cognitives qui sont responsables de la planification, de l’organisation et de la synchronisation des actions complexes. D’un point de vue neuro-anatomique, les fonctions exécutives sont associées à la région cérébrale préfrontale (Alvarez et Emory. 2006). Au regard de l’ensemble de ces résultats, nous retiendrons que les fonctions exécutives sont les premières fonctions cognitives qui semblent être affectées « négativement » par le vieillissement mais « positivement » par l’activité physique.

Dans cette réflexion, une récente étude (Yuki et collaborateurs, 2012) attire tout particulièrement notre attention. Une équipe de chercheurs japonais et finlandais ont publié une étude intitulée « Relationship between Physical Activity and Brain Atrophy Progression ». Ces chercheurs ont fait le suivi de 381 hommes et 392 femmes sur une période de 8 ans. Ils ont mesurés chez ces personnes âgées, leur niveau d’activité physique via un accéléromètre qui mesure le nombre de pas que les personnes effectuent par jour ainsi que la dépense énergétique totale de la journée. Ces chercheurs ont également mesuré, le volume cérébral des participants avec une technique d’imagerie fonctionnelle (IRMf). Les résultats de cette étude sont assez concluants. Ils montrent que les personnes âgées ayant une faible dépense énergétique totale journalière, présentaient une atrophie cérébrale plus marquée que leurs homologues plus actifs, et ce d’autant plus dans les régions frontales du cerveau. Ces mêmes régions qui sont responsables de nos fonctions cognitives les plus complexes ; les fonctions exécutives.  Ces résultats nous montrent que le niveau d’activité physique et la dépense énergétique totale journalière peuvent être des prédicteurs de l’atrophie cérébrale.  Ainsi, les auteurs nous montrent que l’activité physique est un modérateur de l’atrophie cérébrale des lobes frontaux et ainsi un modérateur du déclin cognitif du type exécutif. Cette étude nous confirme que notre cerveau est plastique et que nos régions cérébrales responsables de nos fonctions cognitives de type décisionnel sont particulièrement malléables.

Ainsi la promotion de l’activité physique chez la personne âgée peut être bénéfique dans la prévention du déclin cognitif et dans la prévention des démences en ralentissant l’atrophie cérébrale des lobes frontaux du cerveau.

Références
Alvarez, J. and E. Emory (2006). « Executive Function and the Frontal Lobes: A Meta-Analytic Review. Neuropsychology Review 26(1).
Colcombe, S. and A. F. Kramer (2003). « Fitness effects on the cognitive function of older adults: A meta-analytic study. Psychological Science 14(2): 125-130.
Hall, C. D., A. L. Smith and S. W. Keele (2001). « The impact of aerobic activity on cognitive function in older adults: A new synthesis based on the concept of executive control. European Journal of Cognitive Psychology 13(1-2): 279-300.
Etnier, J. L., P. M. Nowell, D. M. Landers and B. A. Sibley (2006). « A meta-regression to examine the relationship between aerobic fitness and cognitive performance. Brain Res Rev 52(1): 119-130.
Smiley-Oyen, A. L., K. A. Lowry, S. J. Francois, M. L. Kohut and P. Ekkekakis (2008). « Exercise, fitness, and neurocognitive function in older adults: the « selective improvement » and « cardiovascular fitness » hypotheses. Ann Behav Med 36(3): 280-291.
Yuki ALee SKim HKozakai RAndo FShimokata H. (2012) “Relationship between physical activity and brain atrophy progression.” Med Sci Sports Exerc. 2012 Dec;44(12):2362-8. doi: 10.1249/MSS.0b013e3182667d1d.
 Lien de l’article en anglais
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22776876

Olivier Dupuy
Maître de Conférences
Faculté des Sciences du Sport de l’Université de Poitiers.
Laboratoire MOVE