Regards extérieurs ›

Interview de Valentin JUIN

• Valentin JUIN Délégué Territorial chez Envie Autonomie Nouvelle-Aquitaine

Posté le 7 mars 2023 dans Regards extérieurs

ReSanté-Vous : M. JUIN, vous êtes actuellement Délégué Territorial chez Envie Autonomie Nouvelle-Aquitaine. Nous souhaitions vous donner la parole pour parler de votre structure qui s’est engagée dans le reconditionnement de matériel médical. Depuis 2015, date de votre création, pourriez-vous nous présenter un petit constat sur le déploiement de votre structure après ces premières années d’activité ?

Valentin JUIN : Bonjour, tout d’abord merci de nous permettre de mettre en avant notre projet. Envie Autonomie a démarré en 2015 à Angers et compte aujourd’hui 18 agences en France Métropolitaine. En Nouvelle-Aquitaine, Envie Autonomie s’est installé en 2019 avec une première agence dans les Deux-Sèvres (Azay-le-Brûlé). En 2020, nous avons ouvert un magasin en Charente (L’Isle-d’Espagnac) et en 2021 en Gironde (Ambarès-et-Lagrave).

Nous sommes fiers du chemin parcouru puisque le réseau a vraiment su se développer rapidement et se professionnaliser au fil des années. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous sommes le leader de la collecte, du reconditionnement et de la distribution de matériel médical remis en bon état d’usage. En plus du versant écologique et solidaire, nos structures sont à but d’emploi et disposent d’un agrément Entreprise d’Insertion permettant d’accueillir des salariés éloignés de l’emploi.

RSV : Concrètement, est-ce que vous récupérez tous types de matériels médicaux ?

VJ : Notre champ d’intervention est large. Toutefois, nous ne récupérons pas l’entièreté des dispositifs médicaux. Par exemple, nous ne récupérons pas les orthèses, les prothèses, implants, etc. Nous nous focalisons sur ce que nous appelons généralement les « aides techniques », des dispositifs d’aide à la mobilité, à l’hygiène et au transfert (fauteuil roulant, chaise de douche, guidon de transfert, etc.) ainsi que du mobilier médical (table de lit, lit médicalisé, etc.). Nous collectons également des dispositifs médicaux électriques (scooter, fauteuil roulant électrique, lève-personne).

RSV : Est-ce que l’état et/ou la date initiale d’achat du matériel que vous récupérez vous importe, ou peu, ou pas ?

VJ : L’état du matériel et sa date de fabrication nous importe s’il est question du réemploi. En effet, nous ne remettons pas en état d’usage les appareils trop obsolètes et vétustes et nous nous assurons systématiquement que ces derniers respectent les exigences essentielles de santé et de sécurité de la réglementation (marque CE, numéro de série, etc.).

Si le matériel n’est pas en état, nous pouvons toujours le récupérer pour y extraire les pièces détachées qui pourront être utilisées dans le cadre de la réparation d’un autre équipement semblable (même marque, même modèle). Pour le reste, ce qu’on appelle le rebut, ils sont envoyés dans des filières de valorisation.

RSV : Pour prendre un peu de hauteur sur les enjeux du développement de la Responsabilité Territoriale et Environnementale au sein des structures médicales et para médicales, est-ce que vous pourriez estimer l’impact environnemental si l’ensemble de ces structures vous transmettait le matériel vétuste ou détérioré ?

VJ : L’impact environnemental de la collecte est énorme. L’année dernière, nous avons collecté plus de 3 500 aides techniques, ce qui représente plus de 200 tonnes de matériel. Des milliers d’aides techniques qui prenaient une place considérable dans les établissements ou chez le particulier alors que près d’un quart de ces équipements peuvent être réutilisés après reconditionnement. 30 à 40% des aides techniques achetées par les particuliers sont mises au placard après une année d’utilisation. Le gaspillage est très important pour diverses raisons (évolution des pathologies, décès, appréhension, mauvaise utilisation, etc.). Il faut également savoir que le bilan carbone de la fabrication d’une aide technique est très négatif et dépend de l’extraction du nombreuses ressources non renouvelables à l’étranger. De plus, la grande majorité des produits est fabriquée en dehors de l’Europe, et le transport est également très polluant. De fait, jeter une aide technique seulement quelques mois après son utilisation n’est pas sans conséquence.

Au-delà de l’aspect environnemental, c’est l’impact économique qui est important. En effet, Envie Autonomie propose du matériel médical remis en bon état d’usage en vente et en location à des prix solidaires. En moyenne, nos dispositifs sont proposés à 50% du prix du neuf avec une garantie de deux ans.

RSV : Quelles sont vos perspectives de développement et partenariats que vous souhaitez/allez mettre en place dans un futur plutôt proche ?

VJ : Au niveau du développement, nous espérons ouvrir une agence en Charente-Maritime, à côté de La Rochelle, d’ici l’année prochaine. Aussi, nous sommes ouverts à des perspectives de développement dans d’autres départements de Nouvelle-Aquitaine.

Du côté des partenariats, notre objectif est d’accentuer les synergies avec les acteurs du secteur médico-social, sanitaire, de l’emploi et de l’environnement. Nous sommes ouverts à tout type de partenariat à partir du moment où nous partageons des valeurs humaines communes. C’est le cas avec ReSanté-Vous avec qui nous travaillons depuis plusieurs mois maintenant.

Autres articles de cette ReSanté‑News

Édito › Nos parts de colibris

Dossier › Notre équipe s’implique (...) dans l’engagement écologique

Regard extérieur › Interview de Valentin JUIN

Team ReSanté-Vous › David, médiateur social en résidence intergénérationnelle

Rétrospective › L’actu ReSanté-Vous de janvier à février 2023

Revue de presse › Janvier à février 2023