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Retour sur le colloque « P[ea]nsons les cicatrices de la crise »
  • Guy LE CHARPENTIER Co-Directeur de ReSanté-Vous
Posté le 20 juillet 2022 dans Dossiers

Les 8 et 9 juin avait lieu notre 11e colloque Approches Humaines et grand-âge au Palais des congrès du Futuroscope. Pour cette grande reprise en présentiel nous avons associé nos événements avec le congrès Longevity pour proposer un grand rendez-vous aux professionnel.le.s du grand âge. Côté colloque ReSanté-Vous le thème choisi s’intitulait « P[ea]nsons les cicatrices de la crise » en filant la métaphore du Kintsugi, art japonais consistant à faire des lignes de failles, des lignes de force pour rebondir après la crise. Pendant deux jours avec émotion, réflexion, créativité et humour une sélection éclectique d’intervenants sont venus joindre leurs expériences pour p[ea]nser ensemble la situation actuelle à Domicile, en EHPAD et à l’Hôpital.

Comprendre les cicatrices de la crise

Modération : Guy LE CHARPENTIER • Co-Directeur de ReSanté-Vous
Dafna MOUCHENIK • Cheffe d’entreprise et Directrice du SAAD LogiVitae
Pr. Bertrand FOUGÈRE • Prof. Gériatrie et Gérontologie à la Faculté de Tours, Chef du Pôle vieillissement au CHU de Tours
Laurent GARCIA • Cadre de santé à l’EHPAD des 4 saisons (93), auteur du blog EHPAD mon amour
Céline SANTINI • Auteure et conférencière en résilience et développement personnel

Pour ouvrir le bal de ces deux jours de colloque un état des lieux de la situation en EHPAD, à domicile et dans les services gériatriques de l’hôpital a été partagé par des parties prenantes de choix. À commencer par Dafna MOUCHENIK, directrice d’un SAAD Parisien (Logivitae), venue raconter comment les SAAD se sont organisés depuis mars 2020 pour ne pas abandonner la population. Rapportant dans son récit un mélange d’incommensurables galères, de désarrois, de peurs, de fiertés, de détermination, d’innovation et d’espoir, l’ex-présidente du Synerpa domicile a expliqué qu’en février 2022, elle a souhaité agir en mobilisant les professionnels pour former le collectif unifié des professionnels de l’aide et du soin à domicile.

Ensemble ils ont réalisé un Manifeste et l’ont porté auprès de candidats à la présidentielle. Pour la première fois, le sujet du domicile fut dans le programme de certains dont celui d’Emmanuel Macron.

Ce message plein de réalisme louant l’intérêt de cultiver des collaborations entre les acteurs de l’aide et du soin a ensuite été relayé par l’intervention du Pr Bertrand FOUGÈRE. Son retour d’expérience était porté sur le verre à moitié plein qu’avait rempli la crise sanitaire, en saluant l’émergence de nouvelles collaborations et un décloisonnement de son service de gériatrie du CHU de Tours s’ouvrant davantage sur l’extérieur notamment avec les EHPAD. Le gériatre tourangeau raconta la naissance d’une plateforme de questions/réponses et de réunions en visio invitant les experts à réfléchir ensemble sur des problématiques rencontrées. Créé au début la crise sanitaire, le projet s’est maintenu et a évolué vers une réunion mensuelle et thématique. Selon lui, la crise a aussi eu des bons côtés en nous poussant à innover et repenser nos manières de travailler.

Pour illustrer les témoignages venant de l’EHPAD, une vidéo d’interviews croisés interrogeant résident.e.s, familles et professionnel.le.s d’un EHPAD Bordelais (EHPAD Grand Bon Pasteur Adgessa) a été présentée. Cette dernière a mis en avant avec authenticité la perception de la situation actuelle en révélant la diversité des points de vue, mais aussi toutes les richesses humaines que peut détenir un EHPAD.

Laurent GARCIA a ensuite témoigné à son tour pour partager son analyse de la situation et a fait part d’une certaine nostalgie des premières phases de la crise. Il a dressé un tableau plutôt maussade de la situation actuelle dans les EHPAD. « Je ne parlerais pas de cicatrisation mais plutôt de plaie béante. Je suis inquiet pour l’avenir, je sens que les équipes sont sur un fil car on a eu beaucoup d’espoir, de reconnaissance et de respect mais tout ça s’est délité avec le temps. » Le cadre de santé lanceur d’alerte a ajouté que la sortie du livre Les fossoyeurs, le 26 janvier 2022, a permis de lever le voile sur des pratiques, mais il a par contre généré des dommages collatéraux. Certains soignants épuisés ont ainsi décidé de déposer la blouse accentuant la problématique du manque de ressources dans les EPHAD. Pour conclure son témoignage Laurent GARCIA a exprimé qu’à présent il fallait réparer les pots cassés, ce qui à l’évidence s’avérait très compliqué.

Pour clôturer cette 1ère table ronde, Céline SANTINI a ouvert la réflexion en introduisant l’histoire du Kintsugi pour aborder ensuite le phénomène de résilience. L’auteure inspirante a dépeint cet art ancestral japonais, consistant à réparer et souligner d’or les brisures d’un objet cassé rendant in fine l’objet plus précieux qu’avant son choc. L’auteure a ensuite invité l’auditoire à s’inspirer de ce savoir-faire traditionnel comme d’une véritable philosophie invitant, étape par étape, avec patience, concentration et créativité à transformer ses blessures passées en atouts pour ce valoriser.

La résilience : de la personne âgée à l’organisation

Modération : Fanny SOUM-POUYALET • Chargée de Recherche & Innovation à ReSanté-Vous, Ergothérapeute et Docteure en anthropologie
Huguette GRABER • Résidente en EHPAD
Benjamin MOIGNER • Directeur d’EHPAD à Vivonne
Gérard RIBES • Psychiatre, sexologue, gérontologue, Directeur de l’enseignement de sexologie à l’Université de Lyon 1
Benjamin LE FUSTEC • Chargé de Recherche et Innovation à ReSanté-Vous, Doctorant en Sciences de Gestion
Matthieu SIBÉ • Maître de conférences Sciences de Gestion, Membre expert au Haut Conseil de Santé Publique

Pour rebondir sur ces constats, une 2nde table ronde hétéroclite est venue illustrer le phénomène de résilience. Pour débuter, Huguette GRABER habitante de 92 ans à l’EHPAD Les Grillons, près de Poitiers a partagé deux récits de vie illustrant pour elle ce que peut être la résilience. Elle a ainsi évoqué sa grossesse inattendue et l’éducation monoparentale de son fils en décrivant les étapes de sa vie guidée par l’amour et la volonté d’avancer malgré tout. Elle a ensuite décrit sa perte d’autonomie et son entrée en EHPAD à l’âge de 90 ans.

Du choc d’un diagnostic au rebond dans l’inscription dans un nouveau projet de vie, la doyenne du colloque a souligné l’importance de se sentir entourée et épaulée. Ses conseils à l’auditoire furent de « Marcher, toujours marcher même quand ça fait mal » et « Regardez autour de vous. Il y a peut-être une main qui est prête à vous aider. Regarder la personne qui est seule à côté de vous, aidez-la et vous en retirerez beaucoup de joie et cela vous aidera ». Pour conclure, cette amoureuse de la nature a affirmé avec un sourire : « N’oubliez pas de parler aux arbres ils sont très discrets ».

Vivement applaudie par la salle, Mme GRABER a ensuite transmis la parole au psychiatre et gérontologue Gérard RIBES qui a partagé le fruit de ses travaux de recherche au côté de Boris CYRULNIK sur la résilience des Âgés. Il a présenté la résilience comme une retrouvaille avec un autre soi, sous et avec le regard et la présence d’un autre. Avec beaucoup d’engagement, il a rappelé que chez l’Âgé, le récit partagé de soi est la base de la résilience : « Les vieux ne radotent pas, ils se racontent ! ».

Ce travail de relecture et de réécriture de soi dans un développement qui continue jusqu’au bout de l’existence permet de protéger ainsi sa cohérence interne. Pour illustrer son propos il a évoqué l’importance de la relation entre l’Âgé et les professionnels qui l’entourent, pas uniquement les soignants mais aussi d’autres membres de l’équipe avec qui des histoires se racontent, se créent même parfois et qui modifient l’un et l’autre. Cette intervention vivement plébiscitée par l’auditoire s’est conclue sur un message prônant la liberté de faire ce que l’on veut jusqu’à la fin de son existence est venu conclure cette intervention vivement plébiscitée par l’auditoire.

Pour revoir l’intervention de Gérard RIBES : cliquer ici

Après cette entrée en matière sur le phénomène de résilience à l’échelle de la personne, Benjamin LE FUSTEC a présenté le concept de résilience organisationnelle. Le chargé de recherche et d’innovation à ReSanté-Vous a ensuite décrit les travaux qu’ils pilotent avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine à l’échelle des EHPAD et des SAAD. Cette recherche vise à étudier les mécanismes qui se sont opérés pendant la crise au niveau des organisations et à proposer un mode opératoire accompagnant le changement et le rebond des collectifs.

Pour illustrer l’expérimentation, Benjamin MOIGNER (directeur de l’EHPAD Les Tilleuls à Vivonne) et Sophie BARBEAU (AES dans ce même EHPAD) ont partagé leur ressenti in vivo de cet accompagnement dont ils bénéficient depuis plus d’un an au sein de leur structure. Ils ont fait part de leur perception de cette démarche évoquant les étapes par lesquelles ils sont passés pour redonner du sens à leur travail.

Sophie BARBEAU a témoigné de l’importance de l’apport d’une organisation extérieure pour structurer et mettre en œuvre leur projet de réorganisation. Benjamin MOIGNER a de son côté apprécié d’être épaulé dans cette démarche d’interrogation du quotidien professionnel. Il évoque également l’intérêt de la définition et la mise en place d’une culture d’une démarche de qualité de vie au travail pour la mise en œuvre d’un management participatif. Ces témoignages sur la résilience organisationnelle ont été mise en mots à travers le clip du slam écrit et interprété par l’équipe et les habitants d’un autre EHPAD accompagné, l’EHPAD Les Châtaigniers à Chauvigny.

Pour conclure cette 2e table, Matthieu SIBÉ (Maître de conférences en Sciences de Gestion et membre expert au Haut Conseil de Santé Publique) a introduit une réflexion sur l’inclusion de la mesure de la qualité de vie au travail comme un outil pouvant servir la résilience en EHPAD. Pour cela il a fait une synthèse de l’enquête QUENA consistant à développer et valider un outil de mesure fiable et valide à partir d’un échantillon de 43 EHPAD de Nouvelle-Aquitaine.

14 dimensions du travail sont interrogées et donnent un baromètre pouvant fournir des éléments visant à orienter des objectifs d’amélioration et des marges de progression dans certains domaines. Pour le maître de conférences, l’outil QUENA de mesure de la QVT peut aider les établissements dans leur démarche de résilience organisationnelle notamment dans la phase de lancement. Il a conclu en invitant les directeurs d’EHPAD à faire usage de son outil pour permettre de favoriser une démarche participative de prise de conscience de l’état psycho-social du collectif.

L’importance des liens et des relations dans le quotidien

Florence BRAUD • Aide-soignante, bloggeuse et chroniqueuse
Marie DUSAUTOIS • Facilitatrice, conteuse, metteuse en scène, comédienne
Amandine GUYOUMARD • Cheffe du pôle Développement à la Fédération ADMR de la Vienne
Delphine DUPRÉ-LÉVÊQUE • Anthropologue, auteure, fondatrice de la page « Stop à l’isolement »

Pour cette 3e table, l’objectif était de décrire les leviers potentiels de résilience, à commencer par l’importance des relations dans le quotidien évoqué le matin par le psychiatre Gérard RIBES.

Florence BRAUD, aide-soignante et autrice de « La Minute de Flo » aux Actualités Sociales Hebdomadaires a lancé les débats à travers une intervention originale intitulée « AS au pays des merveilles » en mettant en scène l’écosystème de l’EHPAD avec des figurines POP. « Au pays des merveilles, il y a une petite fille qui court après un lapin qui court après le temps. Au pays des EHPAD, il y a des personnes vieilles qui courent après des soignant.e.s qui courent contre le temps ». Au fil de son intervention Florence BRAUD a dépeint la diversité des résidents, des soignants, des proches aidants et l’importance du rôle de la direction symbolisée par la reine de cœur garante du management et de la cohésion du groupe.

Après cette entrée en matière, Marie DUSAUTOIS, ancienne IDE, aujourd’hui facilitatrice accompagnant des structures dans leur démarche de changement, a captivé l’auditoire avec son intervention « Se penser soi-même pour panser les autres (et inversement…) ». Se déplaçant en boitant jusqu’à la tribune en démarrant par un « je me suis explosée le genou » qui s’est révélé être son « je » « nous » en clin d’œil à Michel ODOUL. Grâce à son talent d’oratrice, elle a présenté cette crise comme un révélateur de nos crises individuelles au cœur de nos élans collectifs. Elle a ensuite proposé d’interroger la relation à soi, comme premier lien nécessaire à une posture juste dans la relation à l’autre.

Peut-on panser les autres avec justesse en faisant l’économie de se penser soi-même ? Invitant chacun à savoir qui il est vraiment, elle a engagé chacun à prendre sa responsabilité dans sa part d’action pour savoir agir là où il en a la possibilité. Cette prise de parole s‘est conclue par un appel à la conscience où chaque « je » renvoie à « une démarche intime, politique et citoyenne d’intérêt général ».

Pour revoir l’intervention de Marie DUSAUTOIS : cliquer ici

Pour poursuivre cette table ronde Amandine GUYOUMARD, Cheffe du pôle Développement à la Fédération ADMR de la Vienne a décrit le projet « SAAD donne envie » proposant une innovation de services impulsée au sein de son service d’aide à domicile consistant à outiller et former les auxiliaires de vie à partager des séances d’activités physiques simples en binôme avec des bénéficiaires.

Ce programme permet de lutter contre la sédentarité tout en favorisant une activité sociale. Grâce à une application nommée Acti-Duo, l’aide à domicile partage des exercices physiques et conviviaux avec le/la bénéficiaire. Ce retour d’expérience a mis en avant les effets positifs de cet outil tant sur le lien entre professionnels et bénéficiaires que sur le sens et l’engagement des professionnel.le.s dans le travail. Pour conclure elle s’est adressée aux tutelles en appelant à la reconnaissance de ce type d’accompagnement pour faire évoluer les métiers de l’aide à domicile afin d’intégrer ce type de démarches innovantes dans les réflexions menées autour du soutien à l’autonomie des personnes âgées.

Pour continuer sur la présentation d’outils favorisant le lien, Delphine DUPRÉ-LÉVÊQUE a présenté son initiative Stop à l’isolement. Si rien ne remplace le contact direct, des liens peuvent se tisser sur la toile et vice et versa la toile peut être au service du prendre soin, de l’écoute du partage et même faciliter les liens intergénérationnels. Avec ses 2 mn de vidéos chaque jour, Stop à l’isolement créé un véritable lien avec les personnes les plus isolées à domicile.

À partir de la page Facebook, celles-ci commentent participent, s’interrogent, sollicitent. Mais l’initiative permet aussi aux aidants familiaux ou professionnels, aux bénévoles, aux services civiques d’avoir chaque jour une nouvelle thématique d’échange. Le site est facilitateur de « papote » pour reprendre l’expression du Professeur Stéphane ADAM « Il faut savoir parfois tomber les blouses qui peuvent ternir les rapports humains afin de créer une relation de confiance et d’intimité. Cela permet alors d’utiliser le meilleur outil de stimulation de la mémoire : la « papote ». Du moment que la conversation est sincère et authentique, elle permet de développer le sentiment d’utilité et d’estime de soi. ».

Plus d’informations sur Stop à l’isolement : cliquer ici

S’engager dans l’activité pour rebondir face aux traumatismes

Modération : Éric TROUVÉ • Directeur de l’Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale à la Croix Rouge Française
Séverine LABOUE • Directrice du Groupe hospitalier Loos Haubourdin
Les Éclaireurs du Tour • Témoignages d’Anne-Marie VASSEUR, Céline MATHIEU et Alexandre GALARDI
Mélissa PETIT • Docteure en sociologie sur la thématique du vieillissement. Fondatrice et Directrice de Mixing Generations

Pour approfondir la thématique, la 2nde journée du colloque s’est penchée sur l’engagement dans des activités porteuses de sens. Pour animer cette matinée d’échanges avec les huit intervenants présents, rien de tel qu’un spécialiste du rapport entre l’activité et la santé comme Éric TROUVÉ ex-président de l’Association Nationale Française des Ergothérapeutes.

Pour débuter, Séverine LABOUE, Directrice du Groupe Hospitalier Loos Haubourdin, a partagé son initiative inspirante de démocratie participative en EHPAD. Sa démarche a débuté bien avant la crise mais le choc situationnel a tout fait voler en éclat. Sacrifiée par l’état d’urgence, la démocratie sanitaire a d’abord été mise à mal puis après une prise de conscience de la direction elle a été ré-impulsée pour finalement se renforcer.

Séverine LABOUE a présenté ses méthodes de déploiement pour inclure résidents et familles dans les Conseils de la Vie Sociale et même dans certaines démarches de recrutements professionnels. Avec humilité elle a partagé son expérience, son parcours et ses petites avancées du quotidien qui, dans la durée, fondent des avancées significatives.

Dans cet élan de partage d’initiatives inspirantes un trio d’intervenants est venu témoigner de leurs expériences autour du projet des Éclaireurs Du Tour. Un projet consistant à impulser une pratique partagée de vélo auprès des résident.e.s, des familles et des professionnel.le.s en EHPAD. En guise d’introduction une vidéo reportage réalisée par Oldyssey a été diffusée…

Anne-Marie VASSEUR, chargée du développement des activités sociales chez AG2R LA MONDIALE, a rappelé l’ADN et les enjeux de ce projet inédit structuré autour de la popularité du Tour de France et d’une démarche active de prévention santé : Sportif et inclusif, il invite les aînés, leurs familles et leurs aidants professionnels à renouer ensemble et dans la durée, avec la pratique d’une activité physique régulière vectrice de bien-être. Pour conjuguer émulation et solidarité, chaque année le peloton intergénérationnel constitué pédale pour sa santé et celle des autres car en effet, tous les coups de pédales donnés durant les 30 jours qui précèdent le départ de la Grande Boucle, font grimper le compteur « Vivons Vélo pour l’Institut Pasteur », opération qui transforme les kilomètres parcourus par la communauté Vivons Vélo, en don versé par AG2R LA MONDIALE pour la recherche contre les maladies dégénératives

Plus d’informations sur Vivons Vélo : cliquer ici

De son côté Alexandre GALARDI, cuisinier en EHPAD devenu référent vélo, a expliqué comment ce projet lui avait permis de sortir la « tête du guidon » au moment où l’EHPAD en avait réellement besoin. Il a évoqué en quoi son rôle lui permet aujourd’hui de partager plusieurs fois par semaine sur son temps de travail des moments dédiés au partage de cette activité avec les résidents ainsi que des moments de complicité et même de confidence qui transforment la relation. « Ces moments de vélo me permettent de mettre des visages sur des personnes qui jusqu’ici n’étaient pour moi que des régimes alimentaires ».

Céline MATHIEU, psychologue, a à son tour dépeint l’impact fédérateur qu’a eu ce projet au sein de son accueil de jour auprès des résidents, des familles et des équipes en donnant la possibilité à chacun de trouver un rôle que ce soit pour pédaler, se remémorer des souvenirs, réaliser des décorations ou parler des régions de France et en déguster des spécialités.

Après ces témoignages, Mélissa PETIT a décrit la crise comme un choc nous renvoyant à nos incertitudes mais également comme une occasion de nous repenser et d’innover. Pour illustrer son propos elle est revenu sur les témoignages de la matinée en expliquant que la création se fait en mouvement (un clin d’œil aux Éclaireurs Du Tour).

Les 3 protagonistes de la Compagnie Arlette MOREAU lors d’une séquence de Théâtre-Forum
avec l’intervention d’une participante venue de l’auditoire.

Après les interventions de cette première vague de conférencier.e.s la Compagnie Arlette MOREAU a proposé à l’auditoire deux séquences de théâtre forums pour repenser d’une part l’accueil d’un.e nouvelle résidente à l’EHPAD et d’autre part l’annonce d’un décès d’un résident à l’équipe. Cet exercice posant des saynètes avec des comédiens a permis de laisser place aux idées des participants qui avaient chacun la liberté d’intervenir quand ils le souhaitaient pour changer le cours de l’histoire. Grâce au talent des comédiens cette parenthèse a permis de mobiliser des idées et de générer du débat de façon ludique et participative avec la salle.

S’engager dans l’activité pour rebondir face aux traumatismes (suite)

Modération : Éric TROUVÉ • Directeur de l’Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale à la Croix Rouge Française
Kévin CHARRAS • Psychologue, Directeur du Living lab Vieillissement et Vulnérabilités
Johan GIRARD • Délégué national Personnes âgées et Domicile à la Croix Rouge Française
Table ronde • Avec le retour de Séverine LABOUE et Mélissa PETIT

Suite à cette mobilisation collective, Kévin CHARRAS, psychologue et docteur en psychologie, a soulevé la question suivante : « Penser » ou « panser » l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en institution ? Les conditions d’isolement et de confinement pendant la crise sanitaire nous ont ouvert les yeux sur les conditions de vie de ces personnes en unité spécifique. Pour garantir une qualité de vie acceptable, il est indispensable de s’assurer que le contexte dans lequel on accueille les personnes n’occasionne pas les symptômes psychologiques et comportementaux que l’on cible.

Qu’il s’agisse de l’architecture, de l’organisation ou de l’institution, le cadre de vie est un élément important de l’accompagnement et des soins, et aucune intervention psychosociale ne compensera les défauts d’une institution. Cette intervention s’est centrée sur les capacités et besoins des résidents et a proposé de réfléchir en mode PASA à l’échelle de l’institution pour encourager l’autonomie et les capabilités.

Johan GIRARD, Délégué National Personnes âgées et Domicile à la Croix-Rouge française, a présenté des éléments relatifs à la nouvelle Stratégie 2030 de la CRF et sa déclinaison dans l’activité PADOM par le biais de la philosophie d’accompagnement et le prendre soin. Cette démarche se veut alignée avec la raison d’être réaffirmée de son institution, à savoir : « Protéger et relever sans condition les personnes en situation de vulnérabilité et construire avec elles leur résilience ». L’enjeu actuel de ce projet est de prendre le temps de cultiver une approche holistique de l’accompagnement pour créer une identité collective animant cette raison d’être.

Le management peut-il être un levier de gestion de crise ?

Modération : Nicolas ROUMAGNE • Co-Directeur de ReSanté-Vous
Éric CORNEILLE • Cadre de santé
David LE NORCY • Directeur général de Synergies@venir, Accompagnement à la création de projets
Xavier MOINIER • Maître de conférence en science de Gestion à l’Université de Poitiers
Étienne BRUNET • Consultant & Facilitateur

Dans la suite de la journée, Éric CORNEILLE, cadre de santé en EHPAD a présenté la démarche de QVT au sein de sa résidence : du diagnostic de départ en passant par la formation à la CNV, au rôle de management pour faire éclore de nouvelles pratiques. Il a souligné l’importance de la confiance réciproque qui doit se cultiver entre les équipes et le codir pour assurer une bonne cohésion en institution.

Après ce témoignage de terrain, ce fût au tour de Xavier MOINIER, Maître de conférences en Sciences de Gestion à l’Université de Poitiers, d’apporter son point de vue universitaire pour réfléchir au management post-covid à la lueur de concepts managériaux forts pour les acteurs de santé qui encadrent des agents/salariés qui travaillent auprès des personnes âgés :

  • la mobilisation (voire re-mobilisation) versus la démobilisation au regard des compétences relationnelles des cadres-dirigeants au bénéfice des agents/salariés clients
  • la fidélisation versus la démission au regard de l’approche client du personnel soignant.
    Son parti pris partagé serait d’envisager les agents/salariés comme des clients internes des organisations (EHPAD, SSIAD…) qu’il faudra (re)-mobiliser et fidéliser après une période de crise majeure en mettant leurs besoins et leurs aspirations au centre des préoccupations des ressources humaines.

Pour poursuivre, David LE NORCY, Directeur général d’une structure coopérative d’aide à la personne, a présenté comment une crise au sein de sa structure antérieure à celle du Covid a permis de se réinventer. Il a insisté sur le concept du pouvoir d’agir de chacun en soignant un cadre facilitant cette démarche.

Pour conclure cette table, Étienne BRUNET, Consultant & Facilitateur a partagé 3 expériences de management qui ne sont pas des révolutions mais plutôt des petits déclics qui ont généré du changement sans dénaturer la raison d’être. L’enjeu du manager est de trouver une organisation qui permet à chacun de grandir et d’évoluer. Il n’y a pas de standard mais une prise en considération des individus, du fonctionnement collectif et de la culture de l’organisation. L’accent a été mis notamment sur le temps à accorder pour laisser cheminer les équipes en les accompagnant à se poser les bonnes questions plutôt que de vouloir apporter trop vite une réponse bien pensée.

Pour ponctuer le colloque :
la conférence Vieillir comme du bon vin

Michel BILLÉ • Sociologue, Président de l’UNIORPA, membre du Conseil scientifique Sciences Humaines de France Alzheimer, Président du comité éthique et scientifique de ReSanté-Vous
Didier MARTZ • Philosophe, Intervenant D.U. Éthique Paris
Guy LE CHARPENTIER • Co-Directeur de ReSanté-Vous

Plus de 200 retraités invités par AGIRC-ARRCO ont rejoint l’auditoire pour écouter la conférence à 3 voix proposée par Michel BILLÉ, Didier MARTZ et Guy LE CHARPENTIER en clôture de ces 2 jours de colloque. Les Trois auteurs du livre « Vieillir comme le bon vin », sorti en septembre dernier, ont proposé tour à tour une synthèse de leur chapitre en proposant des interludes en chanson à partir d’un répertoire faisant référence au vieillissement et au vin. Chacun à leur manière ils ont filé cette métaphore invitant à réfléchir d’une façon originale sur la question du bien vieillir.

Au fur et à mesure des ReSanté-News à venir, nous diffuserons quelques unes des conférences issues de ce colloque, et… dans quelques mois, nous vous annoncerons le cru 2023 du Colloque National sur les Approches Humaines et le Grand Âge.

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